Lubilhac

Monographie de Jean-Baptiste Jouishomme

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Voici la page de présentation de la monographie écrite par notre arrière grand-père, qui devrait être publiée prochainement.

 

Présentation

 

Nous devons cette précieuse Monographie sur la Commune de Lubilhac à Jean‑Baptiste Jouishomme, notre grand-père et arrière-grand-père maternel.

Jean-Baptiste Jouishomme est né à La Chapelle-Geneste (Haute-Loire), le 21 janvier 1861, sixième enfant du charpentier Jean-Jacques Joyeuxhomme (sic), et d'Anne-Marie Grange. Les mystères de l'état civil lui valent d'avoir, à cette occasion, repris le nom de famille de son grand-père, Jean Jouishomme, né en 1788 à Saint-Bonnet-le-Bourg (Puy-de Dôme) : on ne lui a pas permis de conserver celui que son père avait lui-même repris de son propre trisaïeul (Jean Joyeuxhomme, né vers 1730).

Est-ce la vie dans sa famille de six enfants qui lui a donné sa vocation d'instituteur ou le respect qu'il avait pour son maître, qui l'a poussé à poursuivre ses études ? Est-ce cette incertitude sur son nom qui lui a donné le goût de l'histoire, et qui lui fera tenir le secrétariat de la Mairie, et donc l'état civil, de Lubilhac pendant trente-cinq ans ?

C'est certainement sa jeunesse passée dans l'atelier d'un charpentier qui lui a donné le goût des arbres et de la nature, et une grande habileté manuelle (il faisait tous ses meubles). Sa mère s'occupait de la ferme et de ses animaux. Il en a acquis une excellente connaissance du milieu rural.

Si, comme on va le voir dans cette monographie, la transformation de la société le passionne autant, c'est qu'il a vécu à une période charnière de la vie des campagnes. Son grand-père, menuisier, est né un an avant la Révolution française ; lui, mourra en 1951, après avoir connu un empire, deux républiques et trois guerres. La disparition de certains de ses meilleurs élèves à la Grande Guerre, lui inspirera le discours d'inauguration du monument aux morts (pudiquement signé : discours de l'instituteur).

Son attitude vis-à-vis du progrès est ambivalente. D'une part, il se tient au courant des découvertes de la science et s'intéresse très particulièrement à l'électricité et à la lumière. Il achète pour sa classe une pile au bichromate, une bobine de Rumkopf, un prisme, des lentilles optiques, et présente à ses élèves de nombreuses expériences de physique. La machine à vapeur le captive et la construction de la ligne de chemin de fer dans sa commune sera pour lui un événement marquant. Les orages, nombreux sur les collines de Lubilhac, l'amènent à réfléchir à leurs causes, et à la protection des maisons et des granges. La médecine et les règles d'hygiène vont l'obséder jusqu'à ses derniers jours. D'une santé de fer, marcheur infatigable, il prend encore, tous les matins, une douche d'eau glacée à 90 ans.

Mais, d'autre part, les conséquences de ces progrès sur les modes de vie le perturbent. Il comprend que tout n'est pas bon à prendre, mais ne voit pas comment trier ce qui est bon de ce qui ne l'est pas. Il pense que l'éducation, la connaissance de l'histoire, la maîtrise des techniques sont les seules protections qu'il puisse fournir à ses élèves face à l'évolution brutale du monde, qui provoque notamment ce qu'il va jusqu'à appeler la "loi écœurante de dépeuplement de nos campagnes". Il pense que l'amélioration de la productivité doit freiner l'exode rural, mais accueille avec réticence, voire parfois rejette, certaines innovations comme le téléphone. Lui-même, après sa retraite, nostalgique d'un mode de vie qu'il voit disparaître inéluctablement, refusera que l'électricité "entre" dans sa maison de Lubilhac (alors qu'il possède tout le confort dans sa maison de Brioude) et s'y éclairera, jusqu'à sa mort, à la lampe à pétrole et à la bougie.

Mais ce qu'il faut retenir de sa mission, c'est son sacerdoce d'enseignant. Ce n'est pas un hasard s'il dédie d'abord cette monographie à ses élèves. C'est avec la conviction profonde que l'avenir se bâtit sur la connaissance (celle du passé, mais aussi celle de la technique, et celle des hommes), qu'il écrit pour eux tout ce qu'il sait de Lubilhac, sa commune d'adoption.

Sortant de l'Ecole Normale du Puy-en-Velay, il est nommé Instituteur à Brioude. Il demande rapidement sa mutation pour la campagne, considérant que la ville n'est pas bonne pour sa santé. Il arrive à Lubilhac en 1888, à l'âge de 27 ans. Il y rencontre Eugénie Cornet , qui est née à Sauvagny  le 23 mars 1862, et qui dirige l'Ecole de Filles à partir de 1890. Ils se marient en 1891, ont une fille en 1892, qui fera des études d'institutrice. Ils ne quitteront Lubilhac qu'à leur retraite, l'une après vingt et un ans d'enseignement, l'autre trente-cinq. Bien après leur retraite, prise à Brioude, ils feront de très nombreux séjours à Lubilhac, dans la maison qu'ils ont rachetée à la mort de M. Sibaud, trois fois instituteur de ce village. Est-ce un hasard si cette maison est une des anciennes écoles du village ?

La Monographie de Lubilhac est un projet mûri de longue date. Jouishomme, comme il se nomme sur son manuscrit, a réuni beaucoup de documents et épluché les registres de la Mairie. Il a aussi recueilli beaucoup d'information dans ses longues discussions avec les habitants de sa commune. Surtout avec les vieux, comme il les appelle amicalement.

Il termine sa rédaction en 1926, trois ans après sa retraite. Le manuscrit original comporte deux livrets. Ce sont des cahiers verts de 184 pages. L'écriture y est très belle et très régulière. Nous n'avons relevé au long des 331 pages, qu'un seul mot biffé, deux surcharges et deux fautes d'inattention. Les dessins sont à la plume et au crayon de couleur. Il n'y a pas de trace de gomme.

Il se serait assurément donné une très bonne note pour ce travail.

Quand nous avons entrepris cette publication, nous n'avions qu'un seul but, ne pas dénaturer ce travail, ni dans sa forme, ni dans son esprit. L'exploitation du manuscrit a été très simple. Les adaptations ont été les suivantes : le découpage du document d'origine a été respecté, mais des numéros et des titres de parties et de chapitres ont été ajoutés pour faciliter l'accès au document ; les notes écrites en marge ont été transformées en notes de bas de page ; quelques illustrations en marge ont été reportées en fin de document ; les dessins ont été photographiés ; les cartes ne sont pas reproduites à l'échelle exacte ; les photos collées sur les cahiers à la gomme arabique ont été re-photographiées, leur qualité d'origine était médiocre, soit que le tirage ait été sali, soit que l'original ait été découpé d'une revue ou d'un journal, soit que la gomme ait jauni ; un index des noms propres a été ajouté, ainsi qu'une table des matières ; quelques notes signalées "NDLR" ont été ajoutées chaque fois que nous l'avons jugé utile ; les lieux dont le nom varie au long du document (Rouge, Rouges, Le Rouge ; Fraisse, Le Fraisse ; etc.) n'ont pas été modifiés mais se retrouvent tous dans l'index sous une seule orthographe.

Enfin, des photos de M. Charles Dupuy, Député, puis Sénateur de la Haute-Loire, sont collées sur la page de garde de chacun des livrets du manuscrit. Nous les présentons en fin de document sans fournir plus d'explication que l'auteur lui-même. Nous y voyons une marque de son profond respect pour les institutions de la République. Celle-là même qui lui a décerné les palmes académiques dont il était si fier.

En mettant ce document à la disposition du public, nous voulons accomplir ce qu'il n'a pas pu faire.

Nous remercions Marie-Agnès Bardel pour son aide efficace de relecture.

  

Suzanne Bruhat, sa petite-fille,

Michel, Jean-Luc et Catherine Bardel, ses arrière-petits-enfants.

Texte de la Monographie de Lubilhac - Jouishomme 1926

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